Défaillances

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5 réflexions au sujet de « Défaillances »

  1. A.Ancelin

    Défaillances de Blandine Bonelli mis en scène par Daniel Berlioux
    Nous voici dans les bureaux de l’ASE.
    Une chorale de voix et de corps désemparés dans un espace dépouillé qui laisse apparaître sur fond noir les doutes et les limites des acteurs sociaux engagés dans des fonctions qu’ils portent au point d’en être écrasés. Des visages déroulés devant les yeux des spectateurs : Damien, Rémy, Gwendoline et Tahar livrés à une institution présentée à la fois comme garde-fou et carcan.
    Le visiteur de cette galerie opère sa traversée pour entrer dans la complexité de notre société qui a voulu ordonner la protection de l’enfance et qui se retrouve en plein naufrage.
    Blandine Bonelli, autrice de Défaillances, a commencé sa carrière dans un centre de protection de l’enfance, elle entend dire à quel point chacun est enfermé dans un système.
    En contrepoint, l’enfant sauvé, Damien.
    Les fonctionnaires et soignants, souvent marqués par un militantisme initial, se retrouvent donc confrontés aux pires orages de la détresse humaine et de l’implosion individuelle. Pour les jeunes Rémy et Tahar la violence institutionnelle renchérit sur la crise sociale ou familiale : un éducateur pour 25 au lieu de 12, l’accueil des MIE de 17 ans sans perspective de régularisation à 18 ans.
    Les liens de parenté d’une humanité souffrante laissent découvrir chez les professionnels de l’enfance un déchirement personnel : David disant aux jeunes : « les conneries, je les ai faites avant vous », l’inspectrice divorcée dont le fils en garde alternée crie le manque d’attention de sa mère, cette dernière avouant qu’elle aime bien les Kassos ». Oui mais elle affirme aussi que : « militant et fonctionnaire, ça n’existe pas ».
    Heureusement la figure de Damien irrigue le spectacle et l’encadre savamment pour accorder une note d’espoir lorsqu’il donne la réplique à Rémy : « Parfois c’est long pour que ça serve ! ».
    En outre Damien, sollicité comme « grand frère », dit la nécessité à plusieurs reprises de la circulation de la parole, du langage de vérité vis-à-vis des enfants. De Damien à Rémy une transmission d’expérience qui sonne comme l’engagement remarquable de Lyès Louffok, auteur du livre Dans l’enfer des foyers (2014) et témoin dans le documentaire Enfants placés, les sacrifiés de la République (2019), membre du Conseil national de la protection de l’enfance et du Groupe SOS.
    Parmi les oeuvres qui révèlent au grand public et aux politiques la fréquence insupportable des maltraitances subies par ces enfants entrés dans un système dit de protection, Blandine Bonelli trouve sa place pour dénoncer des dirigeants capables d’oublier les plus vulnérables, enfants comme adultes. L’autrice précise en effet que « cela aurait pu se passer à la poste, dans une entreprise ou une boîte privée ». En se déclarant inspirée par Pauline Bureau, autre metteure en scène et autrice de théâtre, elle s’inscrit dans un théâtre politique auquel participe également Christine Citti avec son spectacle Ils n’avaient pas prévu qu’on allait gagner *(enregistré au théâtre de Sartrouville dans la mise en scène de J-L.Martinelli et visible actuellement sur le net) dans lequel elle décrit la réalité des foyers d’ accueil d’ urgence après une visite dans un foyer de la Courneuve précisément.
    Ces spectacles ou livres sont assurément à l’orée d’une œuvre foisonnante qui tiendra sa solidité du fait des expériences vécues.

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    1. Claudine Husson

      Oui la pièce est formidable. Effectivement la présence de Damien atténue le côté néanmoins sombre de la pièce, où chacun est prisonnier de son rôle.
      Mais c’est hélas très réaliste des diverses contradictions de l’ASE, dont la présence est pourtant indispensable.
      Les acteurs sont absolument prodigieux et il nous tarde de voir cette représentation, « en vrai ».
      En attendant, un très gros merci à Blandine et à l’EMC.
      Pour revenir au parrainage de proximité, il a toute sa place comme appui, comme « lien en plus » et nous continuerons de le promouvoir

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  2. Jean-Bernard LAMPIN

    Cette pièce est particulièrement intéressante pour son côté didactique. Je pense que pour tous ceux – dont je fais partie – qui ne connaissent pas ce milieu, le texte est riche d’enseignements. Tout comme les défaillances sont plurielles, j’écris « enseignement » au pluriel. En effet la pièce propose divers regards, aussi riches les uns que les autres : celui des éducateurs, celui des jeunes, celui des parents.
    Les comédiens sont très convaincants. L’absence de décor est un excellent parti pris ; cela fait écho à la froideur des décisions et contraintes administratives dont sont victimes, finalement, tous les protagonistes de ces histoires.
    Unique réserve que j’émettrai. Je pense que certains traits de caractère auraient pu être davantage exploités et développés (le texte est assez court), ce qui aurait permis au récit de gagner en émotions.
    Je craignais que la pièce ne soit que sombre, voire noire. Il n’en est rien grâce au personnage de Damien. Et c’est tant mieux…. Il y a toujours une lueur d’espoir, quelqu’un à qui se raccrocher, quelqu’un qui va vous écouter, vous guider.
    Évidemment le parrainage de proximité peut prendre toute sa place dans ce cadre.

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  3. SAMPAGNAY Elise et Laurent.

    Une très belle pièce dont chaque rôle est investi pleinement par les acteurs et actrices.Le résultat est que nous
    nous perdons entre la fiction et la réalité tellement l’interprétation est juste.La détresse de la situation des enfants placés
    en foyer et les difficultés rencontrés par les éducateurs nous saute aux yeux grâce a l’expérience de la réalisatrice qui a travaillé a l’ ASE .
    Une ouverture vers l’extérieur semble inévitable pour permettre a ces enfants d’envisager l’avenir positivement et le parrainage
    de proximité est une voie bienveillante et structurante pour les aider a y parvenir.
    Merci a tous.

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  4. Marie luce et Bernard Van Gheluwe

    Une pièce de théâtre qui nous plonge au cœur des service de l’ASE et qui nous permet d’entrevoir le ressentit de tous ceux qui font partie de cette institution : le personnel, les enfants et leurs parents. Cette pièce montre leur réalité du quotidien, le manque de moyens, les limites de l’institution, le sentiment de ne pas pouvoir faire au mieux pour les enfants, les lois qui contraignent, les tensions relationnelles, l’attachement psychologique et les liens forts qui se créent , le désarroi des familles et leur incompréhension du système, le sentiment d’injustice. Du coté des enfants se même désarroi , ce sentiment de ne pas être aimé, d’être abandonné, le questionnement, l’incompréhension aussi, le besoin de réponse, la communication parfois mal adaptée mais aussi une énergie qui pousse à aller de l’avant.
    Une très bonne pièce qui fait réfléchir et donne envie d’aider ces enfants.

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